Hypnose Médicale
Formation en Hypnose Médicale, Paramédicale, réservée exclusivement au Corps Médical, aux thérapeutes titulaires d'un diplôme d'Etat, ou d'un numéro Adeli. Formations en Hypnose centrées Douleur Chronique et Aiguë, EMDR-IMO

Quand la douleur devient l'identité. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.



Se relier à sa mobilité relationnelle.
« Seul au monde », isolé, hors de la relation humaine, le côté gauche du corps très douloureux. Tel est devenu l’état identitaire du patient dont le cas est exposé ici. Réunis dans la même « bulle », face à la scène imaginaire, ce patient et le thérapeute travaillent ensemble à la déconstruction de son identité de « corps douloureux » en s’appuyant sur les techniques des Thérapies narratives.


Lorsque le corps est douloureux depuis des années, la douleur devient la norme pour le système nerveux autonome comme si celle-ci définissait le lien au corps. Ainsi, la construction identitaire de la personne se résume à l’étiquette de « corps douloureux ». Le « je » et le symptôme se retrouvent intriqués dans un tout, qui l’enferme dans la maladie : « je suis fibromyalgique », « je suis lombalgique »... Chez certains patients, nous pourrions même dire que ce lien à la douleur devient le seul lien vivant à leur corps. C’est leur existence. Dans ce contexte, nous comprenons bien que si nous travaillons à supprimer la douleur, nous pouvons être amenés à devoir gérer soit de la résistance, soit un effondrement de la représentation du « je » de notre patient en perte de repères, ne sachant plus qui il est si la douleur n’est plus son identité.

Dans les deux cas, la construction d’une relation thérapeutique sécure va permettre de pouvoir prendre appui sur ce lien pour amener le patient à déjà observer ce lien existentiel à la douleur et de l’amener à prendre position. Le travail thérapeutique peut consister alors à assumer ce lien unique à la douleur, ou à développer un lien différent à la douleur. L’exploration de ce nouveau monde sensoriel se fera en toute sécurité avec le thérapeute au rythme du patient. D’un point de vue thérapeutique, il s’agira d’aller prendre appui sur cet espace douloureux qui représente un espace ressource pour le patient, au sens où c’est dans cet endroit que circule le plus de vie. A contrario, le reste du corps peut être vécu comme inexistant ou figé. C’est ce que nous allons développer dans le cas clinique ci-dessous. Cas de Monsieur B. Monsieur B. a 67 ans et vit seul. Il a vécu avec une femme quelques années avec laquelle il a eu un fils de 26 ans aujourd’hui. Cette rencontre s’était faite suite à une annonce dans une revue, la rencontre spontanée étant difficile pour lui et lui demandant beaucoup d’effort. Concernant son activité professionnelle, il a exercé le métier de professeur de mathématiques. Monsieur B. m’est envoyé par un collègue psychologue qui lui conseille de faire de la TLMR, Thérapie du lien et des mondes relationnels, dans l’idée de travailler sur ses nombreuses somatisations. « Je suis hypocondriaque et je suis un grand anxio-dépressif », c’est ainsi qu’il parle de lui lors de la première séance. Il m’explique que ses crises d’angoisse ont commencé à 17 ans, lorsqu’un de ses camarades de classe est décédé subitement. Il a passé son enfance seul avec sa mère et n’a rencontré son père qu’à l’âge de 8 ans, les rencontres n’étaient qu’épisodiques sans qu’un lien structurant père-fils ne soit établi véritablement. Sa maman l’a toujours surprotégé et leur relation était suffocante tellement elle vivait dans l’angoisse de le perdre. Ses parents sont maintenant décédés. Nous nous voyons en thérapie environ une fois par mois depuis neuf mois. Les premières séances ont permis de faire émerger ce que nous pouvions faire ensemble de différent des autres thérapies qu’il avait déjà faites. Il en ressort qu’il se sent très seul et isolé, sans aucune relation affective et qu’il souhaiterait avoir plus de facilité pour faire des rencontres. En s’appuyant sur les Thérapies narratives, nous travaillons ensemble pour personnifier et nommer ce monde dans lequel il vit de façon à rendre explicites les intentions relationnelles de ce monde dans lequel il est prisonnier. Nous commençons ainsi à déconstruire l’état identitaire de ce monde de « je suis seul au monde », que le patient et le thérapeute peuvent observer grâce aux externalisations sur la scène imaginaire devant eux. Quelle forme ce monde prend-il là devant nous ? Quels effets ont-ils sur lui et quelles intentions porte-t-il ? Le patient prend petit à petit conscience que le thérapeute observe lui aussi ce monde mais qu’il n’en fait pas partie.

Car pour ce patient, la normalité étant de vivre dans un environnement de « seul au monde », il est inconsciemment convaincu que même le thérapeute en fait partie. Il va falloir que ce dernier s’en différencie pour lui montrer que d’autres relations sont possibles. C’est ainsi que lors des premières séances, je lui propose d’observer ce qu’il y a chez moi qui commence à le mettre en sécurité dans notre relation. Il peut ainsi se relier à l’affect en lien avec ce ressenti et ce partage contribue à installer la relation humaine progressivement et à la densifier.

Lorsque Monsieur B. arrive à la séance écrite ci-dessous, il me dit qu’il ressent tout son côté gauche comme très douloureux et que pour la énième fois, son médecin lui a dit que tout allait bien, que tous les examens étaient négatifs. Nous allons donc commencer la séance en se connectant à la partie la plus vivante, la plus présente chez lui, c’est-à-dire la partie douloureuse.

Le thérapeute est assis dans un angle de 60 degrés avec son patient, de façon à permettre aux deux regards de se projeter vers l’avant dans cet espace de co-création, ce qui facilite l’accordage relationnel (1). Les mouvements alternatifs (MA) sont utilisés dans cette séance avec une vitesse différente selon l’intention thérapeutique. Lorsqu’ils sont faits lentement, ils vont permettre de focaliser l’attention à l’intérieur et d’ancrer corporellement la ressource en la densifiant. Et lorsqu’ils sont faits rapidement, ils vont permettre de dépotentialiser le mental ou un trop-plein d’émotion. Lors de la séance, nous utilisons souvent le « nous » incluant ainsi le thérapeute et le patient dans la même bulle. Ce dernier peut ainsi faire l’apprentissage d’une relation thérapeutique soutenante lui permettant d’être accompagné lors du travail.


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- Thérapeute : « Quand vous dites que tout votre côté gauche est douloureux, et que nous sommes ensemble, là maintenant dans cette séance, est-ce acceptable pour vous de bien vous connecter à cette partie gauche ? (De façon à bien le focaliser et pour dépotentialiser son mental, je place mes doigts devant lui et je propose à ses yeux de suivre mes doigts, nous faisons quelques mouvements alternatifs-MA.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent là maintenant ?
- Monsieur B. : Ça serre...
- Th. : OK, observons ensemble ce “ça” qui serre. (Nous repartons en MA. Ma posture est pleinement présente et bienveillante avec l’intention d’aller ensemble explorer cette sensation.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent là maintenant ?
- Monsieur B. : Ça serre...
- Th. : Et quand ça serre et que nous sommes là ensemble dans cette séance, avez-vous besoin de mon aide ou préférez-vous gérer seul ? (Cette proposition d’aide permet au thérapeute de voir si progressivement le thérapeute devient une personne sur laquelle le patient peut prendre appui dans un moment de détresse. Métaphoriquement, on pourrait dire qu’alors il n’appartient plus au monde dans lequel il vit où les relations ne permettent pas de prendre appui.) (2)
- Monsieur B. : Oui, je veux bien votre aide.
- Th. : Alors je vais me rapprocher de vous et proposer au dos de votre main droite de venir prendre appui dans la paume de ma main gauche. (Il pose sa main dans la mienne.)
- Th. : Très bien, et nous allons observer ensemble tout ce qu’il se passe entre nos deux mains. (MA)...
- Th. : Qu’est-ce qui est présent là maintenant ?
- Monsieur B. : C’est mieux...
- Th. : Ah... Et c’est comment ce mieux ?
- Monsieur B. : Il n’y a plus rien à gauche.
- Th. : Et quand il n’y a plus rien à gauche, à la place, il y a quoi ? (MA)...
- Monsieur B. : Quand il y a rien, il y a une libération d’énergie. Car tant que je sens un malaise quelque part, ça crée comme une paralysie physique, je ne peux pas agir.
- Th. : Là, quand vous êtes en train de me dire “ça crée comme une libération d’énergie”, est-ce que je peux vous demander d’observer, là maintenant, où est-ce qu’il y a le plus de libération d’énergie ? (Nous arrivons dans la partie ressource.) (MA)...
- Monsieur B. : Au niveau du haut du corps, comme si je pouvais prendre les choses à bras-le-corps.
- Th. : Ah... Donc c’est au niveau du haut du corps qu’il se passe quelque chose ?
- Monsieur B. : Oui, c’est ça.
- Th. : Et c’est confortable ?
- Monsieur B. : Oui.
- Th. : Je peux vous demander de bien vous connecter à cette sensation confortable au niveau du haut du corps ? (Nous repartons en MA, plus lents cette fois-ci, pour commencer à ancrer cette sensation dans son corps.)
- Monsieur B. : C’est comme si, au niveau des épaules, j’avais la capacité de prendre davantage de choses sur les épaules... -Th. : OK, et quand vous dites “c’est comme si, au niveau des épaules, j’avais la capacité de prendre davantage de choses sur les épaules”, c’est quelque chose que vous connaissez ou que vous êtes en train de découvrir ? (Le fait de répéter mot à mot ce qu’il vient de dire lui permet de rester focalisé sur le processus thérapeutique et de maintenir la transe. Je questionne l’existence d’un souvenir qui peut être ressource pour lui en lien avec cette expérience corporelle ou s’il s’agit d’une voie nouvelle à explorer ensemble.) (Nous repartons en MA...)
- Monsieur B. : Oui, je connais, mais c’est autant dans le sens physique que figuré. C’est-à-dire que j’ai une liste de choses à faire, et quand je suis suffisamment détendu, je prends cette liste et je peux agir. Ce qui n’est pas le cas quand je sens qu’un poumon respire mal, ou que j’ai mal au dos, ou quelque chose qui ne va pas, je m’interdis en quelque sorte d’agir.
- Th. : Quand vous dites “c’est quelque chose que je connais car en effet quand j’ai une liste de choses à faire et que j’ai cette sensation que les épaules et le haut du corps peuvent agir”, si je mets ma main là, devant nous, c’est quoi le premier souvenir qui vient se mettre en lien avec ? (Je place ma main gauche comme un écran devant nous dans l’intention de voir quel souvenir vient se mettre en lien avec cette expérience corporelle. Est-ce que cette sensation qu’il décrit est une représentation psychique qu’il se fait ou est-elle une expérience déjà vécue ?) (MA)...
- Monsieur B. : Il y a deux choses qui me viennent. D’une part d’être capable de travailler au jardin, et d’autre part, lorsque je vous ai vu à la dernière séance et où j’étais assez bien, dans la liste des choses à faire j’avais “m’inscrire à des voyages”, alors je me suis inscrit car j’allais bien. Et aujourd’hui où je me sens dans le creux de la vague, je me demande si j’ai bien fait de m’inscrire, est-ce que je vais réellement y aller, est-ce que j’en suis capable ? C’est l’action tant sur le plan physique que sur un plan de prise de décision.
- Th. : Donc si je comprends bien, quand je me mets en lien avec cette …

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MARIE-ANNE JOLLY
Masseur-kinésithérapeute en libéral à Lannion (22).Elle a tout d’abord associé le massage chinois à sa pratique avant d’en faire autant pour l’hypnose. Toujours en quête d’apprendre et d’élargir ses connaissances, elle se forme aussi en sexocorporel, en thérapies narratives et en Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR). Elle partage régulièrement son expérience sur l’apport de l’hypnose dans sa pratique professionnelle en congrès, par des articles, des publications et comme formatrice.


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SOMMAIRE


06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze 

10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy 

12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen 

14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot 

28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 

40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet

52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot 

71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann 

78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann 

94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine 

106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup 

120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot


134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly 

146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov 

152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits 

164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini

Laurent GROSS
Président de l'Institut In-Dolore. Président du CHTIP Collège Hypnose Thérapies Intégratives Paris.... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le 09/06/2025 à 11:38 | Lu 26 fois modifié le 09/06/2025




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