Hypnose Médicale
Formation en Hypnose Médicale, Paramédicale, réservée exclusivement au Corps Médical, aux thérapeutes titulaires d'un diplôme d'Etat, ou d'un numéro Adeli. Formations en Hypnose centrées Douleur Chronique et Aiguë, EMDR-IMO

Urgences radiologiques. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 61



Respirer les tensions...
Très humblement, voilà le récit de ma vie de grande sensible qui essaie de mettre l’humain au coeur de ma fonction hospitalière...


Illustrations : Geneviève Marot
Illustrations : Geneviève Marot
Je vais surtout vous expliquer comment j’ai appris seule à me préserver des émotions des gens un peu trop prenantes (encore plus vrai depuis l’arrivée de ce fameux coronavirus). L’hypnose a toujours été présente dans ma vie. Petite, en maternelle, j’aimais déjà raconter des histoires. Cette maîtresse qui me donnait l’occasion d’exprimer ce talent en classe auprès de mes petits camarades me rendait folle de joie. J’adorais et j’aime toujours lire pour mon plaisir personnel.

Lire des histoires aux autres également a toujours été un grand bonheur pour moi. L’arrivée de mes enfants m’a permis de transmettre cet amour de la langue française et de l’imaginaire créatif. Et puis ce métier de manipulatrice en radiologie est venu combler mes attentes : un côté technique qui me plaît bien (sans doute lié à ma propension à prendre de jolies photos – précisons-le, je suis photographe d’intérieur avant tout) et aussi cet aspect relationnel avec les patients. Un défi pour moi : prendre en charge une personne en très peu de temps avec le maximum de chaleur humaine. Notre entrevue patient/soignant est très courte. Parfois, moins de 5 minutes.

Pas le temps de discuter beaucoup : « Bonjour Madame, rappelez-moi vos nom, prénom, date de naissance. Pas de grossesse en vue, même très récente ? » Parfois je dois prendre en charge un patient très fermé, prostré. Je dois le tenir, le déplier, l’ouvrir. « Ouille ! vous me faites mal ! » Moi aussi ça me fait mal de vous déplier (oui, c’est le terme ; parfois les patients sont recroquevillés, cyphotiques...). Mais je dois faire de belles photos. C’est mon métier.

Oui, ça me fait mal : mal physiquement, mal moralement. Au bout de quelques années de pratique, je pense avoir atteint le sommet de mon art ; j’ai acquis de solides bases en photographie argentique et ensuite numérique. Cela a beaucoup amélioré ma façon de travailler, d’ailleurs. Peut-être ai-je gagné en temps d’examen, justement, ce précieux temps si anxiogène pour les patients qui défilent dans un service de radiologie. « Ouille ! ça pique ! J’aime pas les piqûres, vous savez. » Oui, je comprends, moi non plus (et d’ailleurs, je n’aime pas non plus en faire). Et puis de belles rencontres aussi. Dont une très fugace qui a changé ma vie. Une patiente arrive en radio aux urgences : épaule luxée. Le traumato me demande s’il peut réduire la luxation dans la salle de radio. Impossible, pas le temps, chaque seconde est précieuse pour moi : tu reprends ta patiente aux urgences, je continue mes radios dans ma salle, et on se reverra dans une heure ou peut-être plus si tu dois sédater la patiente afin de lui remettre plus facilement. Au bout de 5 minutes top chrono, il ramène la patiente pour son contrôle après réduction.

Cette rapidité m’intrigue et on m’explique que la patiente, jeune yogi expérimentée, a réussi à aider le médecin au point de rendre le geste extrêmement rapide. Je décide donc de m’initier au yoga. Cela me semble extraordinaire. Plusieurs années plus tard, mon encadrement me propose une formation d’hypnose. Un peu sceptique au début, j’accepte plus par curiosité. Ce que j’y apprends me passionne. J’y trouve un bon moyen d’améliorer ma pratique. C’était ce qui manquait à ma formation. Grâce aux relaxations et méditations que je pratique régulièrement au yoga, j’y pioche de l’inspiration pour mes textes d’hypnose.

L’inspiration, parlons-en. J’intègre totalement la respiration yogi dans ma pratique. Elle est essentielle. Lorsque j’installe un patient pour une infiltration radioguidée ou en biopsie, j’observe les mouvements respiratoires. Si la respiration est courte et superficielle, je décide d’en informer mon patient, de lui faire prendre conscience de cet état. Manque d’oxygène, cellules appauvries, cerveau suffocant... c’est le malaise assuré ! Offrez de l’air pur à votre corps, il vous en sera reconnaissant. Je leur apprends à se servir de ce merveilleux muscle qu’est le diaphragme pour effectuer un massage du plexus solaire... et hop ! un peu de couleur chaleureuse au niveau des tensions dans cette région ! Parfums à l’eucalyptus, menthe, petit bonbon des Vosges, fraîcheur, brise légère... Ouf ! un poids en moins. Qu’est-ce que le diaphragme ? C’est un muscle puissant. Masseur toujours à portée de main, pour le ventre, les organes thoraciques, et surtout le siège des émotions y est logé.

En yoga, le shakra du plexus (shakra relié à la région du diaphragme) est aussi lié au shakra des limites de soi. J’avais déjà repéré cette fatigue qui m’accablait lorsqu’un patient particulièrement stressé venait « vider » toute mon énergie. En psychologie, le triangle de Karpman met en relation trois acteurs : la victime, le bourreau et le sauveur. Ces rôles peuvent s’inverser très facilement. En soin, la victime c’est le patient. Le soignant apparaît comme le sauveur. La maladie c’est le bourreau. Or, si le soignant ne connaît pas ses limites, il se fera tellement aspirer (son énergie d’hypnothérapeute) par la victime, qu’il en sortira épuisé. Le patient devient donc le bourreau du soignant. Houlà ! mais ça y est, je le sens, ça monte, le patient me contamine... Coronavirus, peut-être ? Non, pas de virus en cause...

Une boule qui me prend au niveau du plexus... Allez, une expiration profonde pour moi (je lui exprime ainsi qu’il a franchi mes limites, la frontière de mon énergie à moi, ma bulle). Cela me fait un bien fou ! Le patient a bien repéré mon expiration, bingo ! Par mimétisme il la reproduit et bénéficie de son effet bienfaiteur avant même de lui suggérer. Si ça a marché là, je reproduis l’action sur un moment douloureux, hop ! profonde et longue expiration salvatrice. Vive la préparation à l’accouchement !

Je n’impose pas de fermer les yeux. Je n’impose rien, c’est très important pour moi. Je suggère. Le patient est libre. Libre de choisir un soin, libre de le refuser, c’est pour moi essentiel que le patient reste acteur de sa santé. C’est la base. J’aime aussi lui demander de me signaler s’il a envie de me parler pendant le geste infiltratif ou pendant la biopsie, je lui explique que c’est tout à fait possible. Le patient doit garder le contrôle. Les gestes que nous proposons sont relativement courts en temps. Une hypnose légère est suffisante. « Déposez le corps sur le support... J’ai évidemment pris une grande application pour positionner mon patient le plus confortablement possible... Posez l’arrière de la tête, déposez les épaules, le dos, le bassin, les jambes, laissez tourner les pieds naturellement vers l’extérieur. Pensez que vous êtes installé dans un gros coussin moelleux, ce genre de coussin confortable où le corps s’enfonce juste ce qu’il faut pour être bien. » J’ai évidemment communiqué avec les (parfois nombreux) médecins qui gravitent autour de mon patient avant le geste : « Vous pouvez bien entendu parler (et c’est même plutôt conseillé) au patient avant l’examen et/ou après. Mais pendant le geste, c’est moi seule qui guide le patient. Vous pouvez ainsi vous concentrer sur le geste. » C’est plus confortable pour eux. Pendant l’examen, ils ne parlent pas directement au patient.

Au départ, c’est intrigant, c’est parfois déstabilisant, mais ils s’y font très vite et y prennent goût. J’ai pendant longtemps eu très peur de la réaction des médecins de mon service. Il faut savoir s’imposer, non dans la brutalité, mais en expliquant les choses telles qu’elles vont se dérouler. Toute l’équipe médicale reste branchée sur le même canal, moi sur le mien, avec le patient. J’accueille l’environnement : « L’équipe autour est là pour prendre soin de vous. » C’est important de le rappeler. Nous sommes des soignants, pas des bourreaux ni des sauveurs. « Il y aura peut-être des bruits, des discussions. » Un de nos pistolets à biopsie fait un bruit caractéristique. Je l’intègre dans la présentation des bruits et lui fais découvrir. Une fois intégré dans les bruits connus, cela rassure. Je lui propose une mousse à serrer dans les mains. Pour les gens plutôt tactiles, je propose ma main en rigolant que je vais devoir m’en servir après ; s’ils ont l’intention de la serrer fort, je leur propose plus volontiers une cale en mousse. Le rire permet de détendre le diaphragme, d’apaiser les tensions. La rigologie (si, si, ça existe et c’est un art de vivre) va permettre de prendre en charge un patient sans dramatiser le soin à l’extrême. Je deviens parfois, quand l’envie et quand la situation s’y prêtent, une sorte de clown.

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Urgences radiologiques. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 61

KATHY PROUILLE

Manipulatrice en électroradiologie médicale dans le service de radiologie musculo-squelettique au CHU de Lille. Formée à l’hypnose en 2015 à l’Espace du Possible de Tournai (formation réservée aux manips radio). Accompagne des patients pour la gestion du stress et de la douleur avant ponctions-biopsies en radiologie, claustrophobie en IRM, enfants en IRM.

Dossier : Ecothérapie et F. Roustang

- Edito: Créativité et résonance. Julien Betbèze, rédacteur en chef

- Peur de prendre l’avion. Technique des mains de Rossi. Corinne Paillette, médecin

- Remise en mouvement. Les techniques hypnotiques du « mine de rien ». Marie-Clotilde Wurz de Baerts, psychologue clinicienne

- Le pouvoir de la dissociation. Corps et trauma. Gérald Brassine, psychothérapeute


Urgences radiologiques. Le récit de ma vie de grande sensible. Kathy Prouille, manipulatrice en électrocardiologie

La plume et le masque. Histoire de masques, de vagues et de web-conférences par temps de pandémie. Olivier de Palézieux, médecin urgentiste

Douleur douceur
Edito. Gérard Ostermann, médecin

Automaticité et neurosciences. Carolane Desmarteaux, neuropsychologue et Pierre Rainville, directeur du laboratoire de neuropsychologie-physiologie de la douleur de Montréal

Syndromes d’Ehlers – Danlos. Errance du douloureux chronique. Sylvie Colombani-Claudel, médecin anesthésiste réanimateur et Blandine Rossi-Bouchet, orthophoniste

Dossier Ecothérapie autour de François Roustang

Edito : Réintroduire un imaginaire centré sur la coopération. Julien Betbèze

François Roustang et l’écothérapie. Il suffit de se sentir vivant. Virginie Coulombe, psychologue clinicienne

Hypnose et crise écologique. La transe, renouveau anthropologique. Nicolas Bichot, psychologue clinicien

Hypnose et narcissisme. La métaphore au service de la relation. Alexia Morvan, docteur en chirurgie dentaire

Rubriques : 

Quiproquo, malentendu et incommunicabilité : Résonance. Stefano Colombo, psychiatre, illustration Mohand Chérif Si Ahmed, psychiatre

Les champs du possible : A la bonne heure ! Adrian Chaboche, spécialiste en médecine générale et globale

Culture monde : Ces songes qui guérissent. Les rites d’incubation d’Hyderabad à Epidaure. Sylvie Le Pelletier-Beaufond, médecin-psychothérapeute.

Les grands entretiens : Chantal Wood, pédiatre. Par Gérard Fitoussi, médecin


Laurent GROSS
Président de l'Institut In-Dolore. Président du CHTIP Collège Hypnose Thérapies Intégratives Paris.... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le 24/08/2021 à 21:48 | Lu 6191 fois modifié le 24/08/2021




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