Hypnose Médicale
Formation en Hypnose Médicale, Paramédicale, réservée exclusivement au Corps Médical, aux thérapeutes titulaires d'un diplôme d'Etat, ou d'un numéro Adeli. Formations en Hypnose centrées Douleur Chronique et Aiguë, EMDR-IMO

Psychomotricité: BOUGER… JE LE VEUX !



Cet intitulé correspond à une demande formulée fréquemment et de manière récurrente par les patients bénéficiant de soins palliatifs : récupérer ou maintenir son autonomie le plus longtemps possible.


Psychomotricité: BOUGER… JE LE VEUX !
Cette demande est concomitante à leur demande de soulagement de la douleur ou d’autres symptômes ; elle est d’autant plus spontanée et prégnante si leur interlocuteur est un rééducateur. L’hypnose et à présent les techniques par activation de la conscience (TAC) sont bien implantées dans la clinique palliative. Si leurs indications et leurs utilisations complètent la prise en soin symptomatique proposée, associées à des séances de psychomotricité, elles participent, entre autre, à atténuer les résonances psychomotrices des symptômes.

UNE MOTRICITÉ ENGAGÉE
Que le patient, étiqueté « soins palliatifs » soit en institution ou à domicile, qu’il soit autonome ou en perte d’autonomie, des séances de psychomotricité peuvent lui être indiquées et proposées ; ceci en raison de ses capacités motrices, mentales et comportementales perturbées ou entravées, du fait de l’évolution de la maladie, des traitements ou de l’apparition de symptômes. L’objectif de la rééducation n’est pas de faire récupérer au patient des capacités devenues illusoires, ou à l’aider à mourir debout ou en forme, mais bien de lui permettre un maintien, voire une récupération de capacités, ou de l’accompagner dans une perte d’autonomie progressive. Intégrées à l’approche psychomotrice, les TAC deviennent alors un outil complémentaire, une médiation ajoutée au dispositif thérapeutique du psychomotricien. Elles sont notamment efficaces pour agir sur les résonances psychomotrices des symptômes, telles que la kinésiophobie, la désadaptation posturale, les troubles tonico-émotionnels, la dévalorisation de l’estime de soi, l’appréhension au contact, etc. Les TAC visent en effet à une modification de l’activité de la conscience, caractérisée prioritairement par une orientation de l’attention. Et comme nous le verrons par la suite, elles stimulent, notamment au travers de la proprioception et de la motricité engagée, les capacités, le contrôle du mouvement, les adaptations du geste, tout en encourageant la sensorialité, l’émotion et la relation.

Cas clinique
Monsieur T., 75 ans, est suivi à domicile. Il est atteint d’une fibrose pulmonaire. Oxygénodépendant, il présente une dyspnée à l’effort et à la parole et l’angoisse se majore quand il respire mal. Si la demande de son entourage est de lui permettre de gérer cette angoisse, celles de M. T. sont de l’aider à se mobiliser psychiquement et physiquement afin de rejouer du piano, puis de favoriser ses déplacements en extérieur afin de se rendre à ses cours de piano. Les séances sont d’emblée axées autour de TAC. L’attention de M. T. est orientée vers le souvenir d’un apprentissage agréable : « apprendre à jouer mon morceau de musique préféré au piano » et les doigts initiant le geste. M. T. s’est rapidement « remis en selle », ou plus exactement en « position tabouret » pour jouer à nouveau de son instrument à corde. Quant à favoriser ses déplacements, son accompagnement s’est fait par l’utilisation simultanée de TAC et de mises en situations réelles, dans l’ascenseur, le hall de l’immeuble, la rue, etc. Cette proposition lui a permis de moduler son rythme respiratoire, de réguler son tonus, d’adapter sa posture et d’atténuer son angoisse durant l’action... et d’atteindre son objectif. Par la suite, la dyspnée se majorant, les séances se sont poursuivies et terminées par la gestion des déplacements dans l’appartement.

Dans le cadre des séances de psychomotricité, la proposition de TAC n’est pas systématique. Elle se fait en fonction du besoin et de l’intérêt du patient en début, en milieu ou en fin de séance ou de suivi, voire déclinée à tous ces temps. Les TAC concourent donc à soulager et à éviter l’apparition de symptômes et leurs résonances, à favoriser le maintien d’activités, sans minimiser l’impact psychologique de ces actions sur le patient et son entourage, et elles contribuent à l’élaboration de projets de vie.

UN SENTIMENT DE SOI
Lorsque la motricité est entravée, la réadaptation ou l’adaptation oeuvre pour permettre au patient, selon l’OMS, de jouir de manière optimale de ses capacités physiques, sensorielles, intellectuelles et sociales. Les TAC, toujours dans ce contexte d’autonomisation du patient, peuvent alors aider ce dernier à acquérir de nouvelles compétences d’adaptation. Des techniques utiles, simples et modulables qu’il peut transformer pour mieux se les approprier, se rendre acteur de sa prise en soins, et agir ou continuer d’agir au mieux sur son environnement. Même en situation palliative, l’apprentissage demeure mobilisateur.

Cas clinique
Madame H., 26 ans, en situation palliative et suivie à domicile, présente une tétraplégie spastique d’origine traumatique depuis deux ans et elle est atteinte d’un cancer des ovaires. Elle se plaint de douleurs mixtes importantes, d’hyperesthésie et souffre de nombreuses complications pulmonaires, infectieuses et de douleurs d’escarres, avec une intolérance à nombre de traitements antalgiques. La toilette et les pansements d’escarres sont réalisés sous Méopa (Kalinox). Les TAC sont privilégiées car sa demande est non seulement d’acquérir des outils complémentaires pour agir sur les symptômes, mais aussi de stimuler sa motricité volontaire. Durant les exercices, son attention est portée vers le souvenir d’une activité appréciée : « un circuit à vélo ». De séance en séance et quelques « trajets » plus tard, la gestion des symptômes s’est améliorée et des mouvements des membres supérieurs sont réalisés, perçus et de plus en plus amples.
L’apprentissage s’est poursuivi à sa demande pour maintenir « la TAC » durant les divers soins et ne pas l’interrompre à chaque bruit, paroles, contacts tactiles soudains, etc. Cela se fit en multipliant de courtes séquences d’exercices pour assimiler les sons plus facilement, en interagissant ponctuellement avec autrui durant l’exercice, puis en l’aidant à informer, expliquer, formaliser sa technique auprès des divers soignants pour l’intégrer dans l’organisation des soins, et devenir co-acteur de ses soins. Dans ce contexte de maladie évolutive, les capacités psychomotrices s’acheminent souvent vers des pertes successives. La perception de soi, qui se construit et se nourrit entre autres d’informations proprioceptives, sensorielles ou motrices, s’amenuise. Mais comme le rappelle Isabelle Marcos, « le vécu psychocorporel n’est pas nécessairement parallèle à l’état du corps réel. Ce (sentiment de soi) peut se stabiliser et même s’améliorer parfois malgré l’aggravation de la maladie. L’enjeu se situe dans la façon dont le sujet s’approprie les expériences vécues ». Les techniques par activation de la conscience accompagnent et soutiennent les explorations sensorimotrices au travers du mouvement, tant par les suggestions et les métaphores que par l’action elle-même. Et l’agir alimente le corps en sensations et en éprouvés corporels et participe alors à maintenir et à réactiver des capacités, des repères internes et un sentiment de soi ou un sentiment d’identité en tant que sujet.

UN SENS PROPRE…
La proprioception a pleinement intégré et influencé notre pratique TAC, notamment grâce aux travaux de Stanislas Dehaene, Jean- Pierre Changeux et Lionel Naccache et leur modèle théorique de l’espace de travail global. Elle a par ailleurs enrichi la notion de kinesthésie au sein du VAKOG, complété lui-même par le toucher évoluant ainsi vers le PAVTOG. La proprioception, décrite comme étant le sixième sens, intègre à la fois des informations provenant de récepteurs musculaires, tendineux et articulaires, associées à des informations provenant de récepteurs vestibulaires, visuels et cutanés. La proprioception, dont l’étymologie vient du latin proprius, signifiant le sens propre ou sens de l’identité, peut se définir comme étant la perception consciente et non consciente de la position et du mouvement de chaque segment du corps, les uns par rapport aux autres et par rapport à l’environnement. Elle fait donc référence à l’espace et au temps et elle est liée aux notions de projection et d’anticipation du mouvement et du geste : elle ouvre donc vers un potentiel d’action dans un espace-temps.
Elle permet également l’ajustement de contractions musculaires nécessaires pour effectuer le mouvement et le geste et maintenir l’équilibre et la posture en pesanteur, en gardant les pieds sur terre. Elle est donc naturellement liée au tonus, au réflexe myotatique, le niveau de contraction, de tension musculaire, qui participe au maintien des positions antigravitaires et de la posture, au soutien de la vigilance, de la motivation et de l’intention ; il sert aussi de base à la motricité, à la communication non verbale, au langage, à la relation. Le tonus est également la toile de fond des émotions. La proprioception est donc par définition liée à la motricité ; motricité qui accompagne par ailleurs tous les sens. Il ne peut y avoir de sens sans motricité : je tends l’oreille, je porte mon regard, je touche du doigt... Quant à la perception, elle est activée et orientée vers un but et elle met le corps en mouvement, c’est le principe de la sensori-motricité : je perçois quelque chose – je tourne la tête, j’entends du bruit –, je me bouche les oreilles, je sens un contact – je me gratte... La motricité, et dans un même temps le mouvement, revêt donc à la fois un aspect instrumental et perceptif, par jeu de réciprocité. Elle a non seulement pour fonction d’assurer le déplacement et l’orientation du corps dans l’espace, d’assurer les différentes actions sur l’environnement et la recherche d’informations vers l’extérieur, la communication, l’expression, mais elle assure également la satisfaction de nos besoins ou la protection de notre intégrité, comme l’évitement de la douleur.

UN CORPS ENCORE...
Avec les modifications et les remaniements psychocorporels, dus aux troubles somatiques inhérents à la pathologie ou d’origine iatrogène, ajoutés à une mobilité réduite ou un alitement prolongé, les perceptions sensorielles sont souvent perturbées, émoussées ou exacerbées. « Le corps est (cependant), comme le rappelle David Le Breton, foisonnement du sensible. Il est inclus dans le mouvement des choses et se mêle à elles de tous ses sens. Entre la chair de l’homme et la chair du monde, nulle rupture, mais une continuité sensorielle toujours présente. L’individu ne prend conscience de soi qu’à travers le sentir, il éprouve son existence par les résonances sensorielles et perceptives qui ne cessent de le traverser. » La proprioception est un sens dont les flux d’informations sont continus, pouvant être affiné à tout âge et à toute étape de la vie. Si tant qu’il y a du mouvement, il y a de la vie et inversement, alors tant qu’il y a du mouvement, il y a de la proprioception.

Cas clinique Monsieur A., 57 ans,
NDLR : TAC = Thérapies par Activation de la Conscience

PATRICK MARTIN
Psychomotricien exerçant en libéral et en institution. Depuis 2006 dans le domaine des soins palliatifs. Formé à l’hypnose depuis 2010 et aux TAC. Membre du CITAC.


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Revue Hypnose & Thérapies brèves n°59

N°59 : novembre/décembre 2020/janvier 2021

Cinq scripts créatifs détaillés


- Edito : Julien Betbèze

- L’hypersuggestibilité. Au service de l’hyposuggestibilité. Dominique Megglé

- Script créatif détaillé : 20 minutes pour se libérer du tabac. Hypnose en médecine générale. Françoise Barthès

- Script créatif détaillé : Du trauma à la résilience. Par la thérapie du lien et des mondes relationnels. Stéphane Roy

- Script créatif détaillé : La sphère relationnelle. Travailler la distance en hypnose. Corinne Paillette

- Nicolas de Staël : Peindre et se dépeindre. Franck Salzmann

Espace douleur
- Editorial. Gérard Ostermann

- Script créatif détaillé : Travail en hypnose avec des mineurs immigrés. Stéphanie Delacour

- Script créatif détaillé : Hypnose et handicap. Du traumatisme à la créativité. Christelle Lecellier

Dossier : Les soins palliatifs

- Editorial : Francine Hirszowski

- Les TAC en soins palliatifs. Jean Becchio et Sylvain Pourchet

- Psychomotricité. Bouger… je le veux. Patrick Martin

- Les techniques hypnotiques à l’hôpital de Bourg-en-Bresse. Vianney Perrin

- Infirmière en Ehpad. Valérie Etchevers

Rubriques

- Quiproquo… « Prenez soin de vous, Docteur » Stefano Colombo et dessin de Muhuc

- Les champs du possible : Docteur, je tiens à vous dire que je fais le poireau… Adrian Chaboche

- Culture du monde : Jeux de guérison dans le sud de l’Iran. Sylvie Le Pelletier-Beaufond

- Les grands entretiens : Stephen R. Lankton. Gérard Fitoussi

- Livres en bouche

Laurent GROSS
Président de l'Institut In-Dolore. Président du CHTIP Collège Hypnose Thérapies Intégratives Paris.... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le 24/04/2021 à 21:02 | Lu 1354 fois modifié le 24/04/2021




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